Parmi les maux auxquels, il faut prêter attention pendant la grossesse, le diabète gestationnel est l’un des plus fréquents. Il apparaît généralement durant le 2è trimestre. Parfois, il s’agit d’un diabète préexistant jusqu’alors non diagnostiqué. Loin d’être anodin, le diabète gestationnel est la principale complication de la grossesse. Quels sont les risques pour le bébé ? Quels dangers pour la maman ? Quel suivi ?

Diabète gestationnel : risques pour la mère et l’enfant

Selon l’OMS, le diabète gestationnel est un trouble de la tolérance glucidique conduisant à une hyperglycémie de sévérité variable, débutant ou diagnostiqué pour la première fois pendant la grossesse. Sous le terme de diabète gestationnel, on regroupe deux populations différentes. D’une part les femmes qui ont un diabète méconnu et que la grossesse va révéler et d’autre part les femmes qui développent un diabète uniquement à l’occasion de la grossesse, trouble qui disparait le plus souvent après la grossesse. « C’est une forme particulière de diabète qui survient chez la femme enceinte. Il est retrouvé chez les femmes non connues diabétiques mais ayant des prédispositions héréditaires au diabète. Il se détecte habituellement à partir de la 22ème semaine d’aménorrhée grâce à une analyse sanguine : le test d’O‘Sullivan modifié ou test de l’OMS», indique Mme Grâce Koumayi, Sage-femme et Secrétaire de l’Association des Sages-Femmes du Togo.

 

Symptômes

Généralement les symptômes sont flous. C’est le souci majeur du diabète gestationnel. Dans la plupart des cas, la femme enceinte ne ressent pas de symptômes. La spécialiste précise que « parfois elle va signaler une fatigue inhabituelle, des malaises avant ou après le repas ou encore une augmentation du volume de leur urine et surtout des infections urinaires répétées. »

Les causes

En effet, la grossesse est, par nature diabétogène et peut entrainer le diabète. Car il existe physiologiquement pendant cette période un état d’insulino-résistance qui va s’aggraver progressivement avec le déroulement de la grossesse. C’est un déséquilibre hormonal chez la femme. Ce déséquilibre peut engendrer alors une résistance des cellules à l’action de l’insuline, hormone de réduction du taux ou de la quantité de sucre présent au sein de l’organisme. « Cette résistance à l’insuline est la conséquence de la production des hormones placentaires, l’hormone lactogène placentaire qui prépare la future mère à l’allaitement et l’hormone de croissance foetale surtout, à partir du troisième trimestre de la grossesse, entraînent une augmentation de la résistance des cellules à l’action de l’insuline », explique la Sage-femme.

Le diabète gestationnel est avant tout dû « à un dérèglement hormonal causé par la grossesse. Il peut être favorisé ou peut avoir pour causes le surpoids de la mère, son âge si ce dernier est supérieur ou égal à 35 ans. Les antécédents familiaux, la survenue d’un diabète gestationnel lors d’une précédente grossesse, ou une femme ayant eu elle-même un poids de naissance élevé sont bien d’autres facteurs à l’origine du phénomène de diabète gestationnel », ajoute Mme Grâce Koumayi.

L’un des facteurs favorisant le diabète est l’hérédité. Autrement dit, s’il y a un antécédent de diabète chez la femme enceinte, ou chez un membre de sa famille ou un antécédent de diabète gestationnel lors des anciennes grossesses, la prise excessive du poids durant la grossesse ou une obésité chez la femme enceinte ou encore un antécédent d’accouchement des enfants macrosomes communément appelés gros bébés.

 

Conséquences

Quand la femme a trop de sucre dans son sang elle le transmet à son bébé qui risque alors de grossir anormalement. Les grains seront stockés au niveau de la peau des organes ; le coeur en particulier.

Pour l’enfant, « la principale conséquence est la macrosomie, le poids du bébé à la naissance est supérieur à 4kg, ce qui peut provoquer des difficultés lors de l’accouchement. La macrosomie provoque en effet, l’augmentation excessive du liquide amniotique. Ce qui peut provoquer un accouchement prématuré suivi de complications post naissance pour le nouveau-né, des difficultés respiratoires, risque de développer un diabète de type 2», affirme la spécialiste.

Pour la mère, Mme Koumayi souligne que « le plus gros risque encouru est l’hypertension ou hypertension artérielle gravidique ou prééclampsie, due à une malformation des vaissea+ux sanguins placentaires. L’hypertension peut engendrer une crise qui est tout aussi dangereuse pour le bébé. »

Le diabète gestationnel favorise les complications lors de l’accouchement, le recours à la césarienne, une augmentation de la durée du travail, une infection urinaire. Une minorité développe un diabète de type 2 quelques années plus tard.

 

Prévention

Pour prévenir ou guérir le diabète gestationnel, Mme Grâce Koumayi conseille aux femmes de faire une prise régulière de sa glycémie, un contrôle rigoureux de l’alimentation et la pratique d’activité physique modérée durant la grossesse.

Le Docteur Abdourachidi Amadou, Gynécologue Obstétricien, aussi recommande à toutes les femmes enceintes de faire une glycémie à jeun. «Si la valeur est supérieure à 0,90g/l alors la femme est considérée comme présentant un diabète gestationnel. Chez les femmes présentant au moins un facteur de risque, si la glycémie à jeun est normale ; il faut faire un test d’hyperglycémie provoquée par voie orale (HGPO) à 75g de glucose entre la 24ème et la 28ème semaine amenovitrée. Ce test est encore appelé test de l’OMS. Après une prise de 75g de glucose, mesuré la glycémie veineuse 2h après : si on obtient plus de 1,4g/l de glycémie, le diabète est avéré. Le test d’O’Sullivan n’est plus recommandé », clarifie-t-il.

 

Traitement du diabète gestationnel

Les clés d’un traitement réussi s’appuient sur un dispositif qui comprend : « la motivation de la patiente, la surveillance par elle-même de sa glycémie pour garder une glycémie à un taux inférieur à 0,90g/l à jeun, mesures hygiéno-diététique, régime hypoglucidique, privilégier les aliments à faible index glycémique, c’est-à-dire qui font peu monter la glycémie, éviter de manger gras, fractionner les repas (3 repas par jour, 2 collations), calcul calorique adapté à chaque femme, privilégier les fibres alimentaires, pratiquer régulièrement une activité physique », énumère Dr Amadou.

Si les mesures alimentaires ne suffisent pas à contrôler le taux de sucre dans le sang, une prise en charge médicamenteuse pourra être prescrite avec des injections d’insuline par voie sous-cutanée car les antis diabétiques oraux sont contre-indiqués pendant la grossesse. L’insuline est administrée en fonction des chiffres glycémiques sous le contrôle d’un médecin. Six semaines après l’accouchement, il faut faire un test d’HGPO pour voir si le diabète a disparu ou pas. Si non, il faut le refaire 3 mois et 6 mois après l’accouchement.

Experts : Mme Grâce B. Koumayi, Sage-Femme et Dr Abdourachidi Amadou, Gynécologue Obstétricien

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